L'esprit : montagne, vol, effort, et aventure humaine.
Le St Hil Air Tour combine le parapente et la marche dans une épreuve type Raid. Les pilotes, suivis par leurs assistants, évoluent sur une boucle de 320 km qui s’étend de l’Isère à la Haute Savoie.
Au choix des pilotes , de suivre le parcours en fonction de la météo, soit par le sud vers le nord , soit en commençant par le nord et revenir par le sud.
Cette année , les avis sont partagés et donc 2 groupes se séparent et se rencontreront soit à pied soit en vol .
Pour commencer, présentation de notre team 5:
Le pilote Roland et sa passagère Claudine , en bi-place, grosse condition physique, et matériel allégé au maxium: un bi golden, un secours light, deux sellettes, un kamel-bag chacun , le tout pour 20-22 kg à se partager.
Les assistants:
Gilles : photographe, conducteur du camping-car et arbitre de deux gamins.
Jea :coordinatrice du ravitaillement, boissons, nourriture , infirmière, kiné-masseuse, etc...
Alain :assistant météo, suivi du parcours pour trouver des raccourcis, lièvre quand je pouvais voler avec eux.
Samedi : breffing sur le parcours , la sécurité , l'assistance , et présentation des équipes avec photo officielle.
39 participants en vol solo, et 4 équipes en bi-place
Dimanche
9h30 départ de la course sur la moquette de Saint-Hilaire, c'est parti pour une semaine de vol, de marche, de plaisir, de souffrance, de rigolade, d'engueulade( avec sourire ), de stress, de peur...
notre objectif : Passer un bon moment en équipe, et arriver dans la bonne moitié.
météo du jour: soleil , 20°, vent sud sud-ouest 20/25 km/h, 2200m de plaf , stable en dessous
Depuis la moquette faut compter 2h30 de marche pour un bon marcheur, moi j'ai mis 2h30 du Col du Coq et sans sac, en effet au bout d'une heure je fais une crise d'hypoglycémie; Gilles dans sa grande générosité me porte le sac jusqu'au sommet ; il m'a fallut énormément de force et de détermination pour atteindre le sommet en rampant, et croyez moi le mot est faible.
Arrivés en haut le vent est soutenu et parrallèle à la crête, on se dit qu'on va sûrement redescendre à pieds.Le temps de reprendre mes émotions, mon souffle , ma lucidité , avec gilles nous aidons nos deux bi-placeurs à se mettre en l'air.
Un 1/4 d'heure plus tard , enfin je décolle, Roland est déjà loin je n'arriverai pas à le rattraper, cette fois la tortue est devant et le lièvre derrière.
Je prend tout ce que je peux et après 300m je dégage pour suivre cette crête jusqu'au Granier.
On se retrouve constament sous le vent , le vol est tonique, et plus on avance , plus on descend.
Roland assure et se met en sécurité dans la plaine et pose à côté de Chapareillan.
Pendant, qu'il plie et commence à marcher en compagnie de Claudine, je m'accroche à tout ce que je peux pour continuer le vol ; malgrès ma ténacité, je ne raccrocherai pas le Granier, c'est travers et au bout c'est du nord ouest qui m'ejecte en plaine , du coup je pose moi aussi à 2 kms de lui.
Sur la carte , en rouge c'est la marche, et en violet c'est le vol ( cliquer pour agrandir ); en ce 1er jour, nos jeunes aiglons marcherons 9h et volerons 3/4 d'heure.
La phrase du jour: Jea nous trouve un nouveau nom de nuage : le Funny Cul 'Air de Lambin.
Après 6h30 de marche en direction de B1, nous entamons notre 1ere nuit de campement à Puygros.
Lundi
météo: soleil, 21° vent de sud-ouest 10/15 km/h , 2500m de plaf ,orage en soirée.
Levés, 5h, départ 6h et c'est parti pour 6h de marche ( en rouge ) de Puygros en direction du Pic de Galoppaz , trop tôt pour décoller, en cours de route ils décident de marcher vers le Mont Colombier B1 puis de décoller et d'espérer faire B2 , le Col des Frêtes à Planfait, Roland connait très bien le coin et le trajet pour y arriver, mais c'est sans compter sur une météo capricieuse.
Arrivé à Planfait, j'arrive à la moquette pour essayé de décoller; ils leur restent 400m pour atteindre la balise mais le vent fort et travers causé par l'arrivé de l'orage les contraint à posé. Quel dommage, car ça c'est jouer à rien, mais sécurité avant tout .
Je me résigne à décoller , le vent est cul, je ne peux même pas faire un plouf sur ce magnifique lac d'Annecy.
C'est avec une grosse amertume, qu'ils vont devoir faire la balise en marchant , encore 2h30; l'orage s'évacue doucement et c'est dans une douceur et un coucher de soleil qu'ils décolleront du Col situé à droite des Dents du Chat.
Glide vers Doussard où nous décidons de passer la nuit.
Le Bi au Col des Frêtes
La journée fût partagée entre la marche et le vol , avec ce petit regret à la fin.
La phrase du jour : "Mieux vaut prévoir que mal voir et se faire avoir "
Mardi
météo: couvert, pluie orageuse, vent sud-ouest 25/30 km/h
Journée marche sous la pluie vers B3 Val Pelouse.
Départ 6h de Doussard, pour 50 kms.
Jea au lavage, rinçage, essorage
Les Dents du chat à l'aube
Nos deux compagnons marchent et nous, on visite des ptits coins perdus comme ce moulin à eau.
Après une grosse engueulade , avec Gilles on décident de laisser Jea se débrouiller toute seule; soit disant une femme travaille avec les deux parties du cerveau contrairement à l'homme qui lui fait travailler qu'une moitié, on se demande mais que fait-on avec l'autre moitié?
Un bras pour l'ordi pour surveiller la trace du Bi -place, une main sur la carte pour savoir " où est le nord ", mais où est le troisème bras pour conduire?
Jea craque et nous supplient de reprendre chacun sa fonction.
35 kms après, les blessures se font sentir, les pieds ont besoin de fraicheur, et il leur reste encore 25kms à se taper sans compter la montée vers Val Pelouse.
Et voilà qu'il se met à pleuvoir, le ptit chaperon rouge se couvre.
Après plus de 10 kms de ligne droite sur le bitume, nos deux athlètes très fatigués, arrêrent avant même d'arriver à Rousset, il est 19h et là l'étonnement le plus total.
Une brave femme de parapentiste s'arrête pour leur proposer , non pas de les amener en voiture mais carrément de leur offrir l'hospitalité d'un soir chez sa famille, et Rolland de dire, désolé mais on est 5, et à nouveau de répondre c'est avec plaisir que je vous invite tous.
A la grande surprise de son mari qui nous voit débarquer chez lui alors qu'il n'était pas au courant.
Quel bonheur pour nous tous mais surtout pour Roland et Claudine d'avoir après 12h de marche un accueil pareil.
Une douche chaude, un bon repas , un bon et grand lit, et surtout bcp de chaleur et d'amour de la part de cette famille pour qui nous étions des inconnus.
Oui vraiment la famille du monde de ce sport qu'est le parapente est vraiment grande et généreuse.
Un très grand merci à Olivier, sa femme Gaëlle et ses deux enfants.
Pour ma part, j'ai été très heureux en ce jour de mes 40 ans d'avoir pû connaître cette merveilleuse famille.
La phrase du jour :lampe pour le cerveau et tente "tchouk"
Mercredi
météo: nuages bas , pluie, ouest 5/10km/h
Après une excellente nuit de repos, la journée s'annonce rude, avec pour commencer la montée vers B3 Val Pelouse 1300m de dénivelé.
En arrivant au sommet de Val Pelouse, ils viennent de claquer la 3ème balise en marchant, et encore une fois la météo n'est pas au rendez-vous va falloir attendre que ça se dégage.
Gilles depuis le début, cnduit le camion mais se tape tous les sommets soit avec moi soit avec les bi-placeurs, il a encore de beaux restes physiquement.
Jea en léger retrait appel au-secours; Gilles accoure.
Rhhhhhhhhh, Rhhhhhhhhhhh
un ours se dresse devant Jea, vite Gilles se dresse à son tour
L' ours surpris par un autre ours sans poil se retire du territoire, Jea redescend s'enfermer dans le camion.
Gilles rentre à son tour fier comme un ours.
Et le Rat de labo quant à lui , ayant vu l'ours,s'envola.
Bcp de nuages, un coup j'te vois, un coup j'te vois plus ; merci Jea pour cette photo.
Je ne peux pas vraiment suivre l'ascendance car le plafond est trop proche du relief , du coup je perd l'ascendance et me retrouve trop bas pour aider Roland qui vient de décoller; le plafond descend et je vois le bi-place s'enfoncer dans la vallée d'Allevard, d'où on ne remontera pas.
Gilles et Jea viendront me récupérer à Allevard tandis que nos deux cohéquipiers marchent en direction de Theys.
Lors du trajet , nous rencontrons Sylvain le fils de Jean-michel Laporte qui monte en Suisse et du coup il va bivouaquer avec nous cette nuit , sur les hauteurs de Theys.
Encore pour cette journée 9 à10h de marche et 1/2h de vol.
La phrase du jour : " Quand tu te les grattes et que tu en sens quatre, c'est que ton ennemi n'est pas loin ".
jeudi:
météo : soleil , 5/10 d'ouest-sud ouest 6/8ème de cums, orage prévu à 14h
Départ à 6h.
Marcher, toujours marcher, tel est le rituel depuis 5 jours et pas vraiment de récompense au niveau du vol.
Sylvain, nous immortalise le parcours en les suivant jusqu'à un éventuel déco.
3h plus tard les voici sur les crêtes de Prapoutel, les cums et alto-cums à 9h le matin laisse présager une journée orageuse, vont-ils au moins pouvoir voler ?
Sylvain, les laisse continuer paisiblement dans un somptueux paysage.
Il se met en l'air pour un plouf du matin, pour nous rejoindre dans un camping agréable.
voici toute la plaine de Saint Hilaire.
Le rat de labo , quant à lui, arrive encore le plus haut possible en camion, station de Prapoutel.
Un gentil parapentiste me guide vers un éventuel déco mais m'avertit que je n'ai aucune chance de remonter vers les hauts reliefs, et que je me dirige vers un plouf.
Je lui demande simplement où se situe le thermique principal de la station, thermique qui m'éviterai ce plouf; et d'un sourire en coin de bouche, me dit qu'il y en a qu'un seul , vertical la piscine.
Avec l'aide de Gilles , nous nous dirigeons vers le 1er plateau de la station, une petite 1/2h plus tard j'entend Roland en radio qui se positionne 1000m plus haut et attend que le plaf remonte et que je fasse le fusible.
Après m'être battus 1/2 h au dessus de la piscine, et après avoir aider 4 pilotes du Air'tour à remonter, je sors dans un +3 et remonte jusqu'à Roland qui vient de décoller dans les nuages.
Nous ne pouvons monter guère mieux ; les cums s'épaississent et recouvrent tous les sommets, nous avançons dans le flou le plus total, et à chaque crête que nous passons , nous sommes de partout sous le vent, l'orage gonfle et nous crée une masse d'air pas très accueillante.
Malgrès l'acharnement, Roland pose; je continue mais la masse d'air m'invite à quitter les lieux et je pose dans la vallée près de Versoud.
Une heure plus tard l'orage éclate, avec lui de grosses rafales de vent et une pluie qui va durer près de 2h.
Nous récoupérons nos deux bi-placeurs enfouis dans la forêt, sous une couverture de survie, à peine de quoi se protéger.
Vendredi
météo: soleil, 10km/h de nord-ouest, grosse stabilité.
Une nouvelle journée s'annonce. Lever à 4h30 , il fait 8°, nous avons passer la nuit chez les parents de Roland; c'est très dur pour tout le monde mais le moral est toujours au rendez-vous.
Objectif du jour: faire la balise du Grand Colon et peut-être celle du Colombier.
Nous revenons déposer nos bi-placeurs à l'endroit exact où nous avions éteint le live traker, la veille à Saint Mury.
Et là,8 à 9 h de marche sont attendues.
Pendant ce temps, avec Jea et Gilles , nous prenons le temps de faire connaissance avec deux personnages de nos montagnes.
Nous sommes sans nouvelles depuis qqs temps, pas de tel, pas d'internet, donc aucun moyen de savoir où en étaient nos deux marcheurs.
Voilà, un des plus beaux endroits que Claudine et Roland on pû découvrir, et nous en faire profiter. Dame nature est vraiment généreuse, respectons-la.
C'est fait, la 4 ème balise est captée, il est trop tôt sur les faces ouest pour décoller, du coups, ils continuent à marcher vers Chamrousse, d'où le rat de labo espère décoller malgrès la stabilité.
Arrivés à Chamrousse, il est 18h ; je décolle et rien d'étonnant que je rase les pentes pour m'éffondrer dans la vallée.
Roland décolle et plonge avec Claudine dans la vallée de Vizille.
puis changent de vallée pour glisser vers Bourg d' Oisans.
Il est 20h passé , et Roland sent encore de gros thermiques, des secousses, et une attention toute particulière se met en route à l'approche d'un terrain; la brise est modéré mais pas soutenue; sa phrase lors de notre rencontre au bivouac : " Alain, ne viens jamais poser là, quelque soit l'heure. "
21h arrêt de la journée, presque 12h de marche et 1h de vol, on est dans le même tempo, bravo à vous deux; demain 1h de marche 12h de vol.....allez, allez , on y croit.
Samedi
météo:soleil, grosse stabilité jusqu'à 2000m, lever 5h et 7° brrrrrr!!!!!!!
On reprend les même et on recommence , direction Notre Dame de la Salette.
Grosse galère pour taper la balise du Colombier d'Entraigues à pieds.
Il est 16h et les conditions sont installées: brise montante de Corps, et impossible à passer les crêtes car un nord franc me repousse dans la vallée; voilà 1h que je suis en l'air pret à aider le bi-place à aller le plus loin possible mais je reste septique , on vole sous le vent va falloir rester sur nos gardes.
Gilles aide le bi-place à se mettre en l'air, et c'est parti.
On avance paisiblement sur ces verts alpages, en direction du sud, tandit que le nord se fait sentir; à peine avons-nous fait une dizaines de kms, que Roland se fait glisser vers la vallée large qui mène à Chauffayer, les arbres sont pliés et il avance en crabe à plus de 70km/h.
Il pose avec beaucoup de crainte avec ce vent très soutenue, affale la voile, se détache, et Claudine m'avertit, mais je n'entend qu'une voix féminine, et pas les mots exacts.
Pendant ce temps-là , j'étais dans un endroit qu'on peut appeler calme, mon gps m'annonce 25/30km/h vent cul donc pas d'inquiétude, aucun arbre ne semble m'indiquer que c'est fort.
Je me remet sur un mamelon sous le Ptit Chaillol en face nord-ouest, hop petit dynamique, je fais des croisés pour remonter , puis un+3 m'invite à enrouler, j'enroule, le thermique augmente, j'arrive à mi-hauteur de la falaise, dans le noyau, je prends toute la voile sur la tête, çà réouvre immédiatement, çà devient très turbulent, je m'évade loin du relief, et là je suis à 10km/h en marche arrière...
Oups, grosse peur pendant 1/4d'heure jusqu'à toucher le sol, la voile m'entraîne dans toutes les turbulences, vent fort, déclenchements thermiques, etc...
Ne pas se laisser guider mais guider soi-même( une pensée vers Pierre C , lors de son accident à Estoublon).
Je pose entier, pas de tel, pas de radio, aucun moyen de rassurer mes compagnons d'assistance et de vol; 2h passe et enfin une voiture me prend en stop , vite, vite à St Bonnet, j'appelle tout le monde, tout va bien, sauf que Roland avait prévenu les secours et l'hélico.
Tout finit bien, Claudine m'assassine de mots cru ( sa peur ), et Roland m'embrasse comme si j'étais la dernière femme de sa vie. beurkkkkk( la langue n'était pas nécessaire).
La phrase du jour : la poignée du secours, on l'appelle la "pucelle" ,
celle qu'on tire pour la 1ère fois.
La nuit fût extrèmement bénéfique.
Dimanche
météo: soleil, gros voile cirrus, et un fond de nord-ouest modéré.
Dernier jour, mis en route jusqu'à 9h, heure à laquelle nous devons stopper notre aventure.
ça y est , nous arrivons presque à Ancelles lorsque tout le monde rend les armes.
J'espère que cette aventure, au travers de ce récit , vous a plu.
J'espère vous avoir fait partager tous les moments au plus profond que nous avons pû les vivre de l'intérieur.
J'ai eu du mal à faire le tri de toutes les photos, j'ai dû oublier de dire des choses, çà vous a peut-être paru long mais plus c'est long plus c'est bon; je fais de mon mieux pour vous détendre lors de votre lecture, photos, humour, etc... pardonnez-moi.
C'est une belle aventure, que nous avons vécu, avec un groupe soudé, pour avoir emmener le plus loin possible nos deux aventuriers.
Une telle aventure ne se fait pas au hasard , il faut une énorme condition physique et préparation et tout le mérite en revient bien évidemment à nos marcheurs, merci à Gilles pour avoir conduit le bus à destination, et de nous avoir supporter, merci à Jea ( madame tchouk, Funny'cul'air , lampe à cerveau, et perd pas le nord )pour sa disponibilité à gérer l'assistance repas.
Merci à vous quatre pour les photos et la vidéo sera à suivre et à visionner lors de notre prochaine réunion club en début d'année.
Merci, encore à Olivier et sa famille pour cette belle soirée que vous nous avez offert.
Merci à mon neveu et sa compagne, pour son accueil matinal.
Pour ma part, je suis heureux de vivre ma passion avec vous tous.
Toujours plus haut , Toujours plus vite , Toujours plus loin....