Quoi de plus merveilleux que de faire un beau vol en groupe .

Quelle chance de vivre de tels moments.

La veille , Priscillia et Etienne me contactent pour faire un point météo et sont chauds pour un départ de Courbons à Digne.

Je regarde et effectivement , gros plaf et pas de vent de quoi me réjouir, c'est déjà pas mal .

Rdv pris , on se retrouve à Digne pour 11h , avec Philippe qui me récupère à Peyruis , et on file rejoindre les ami(e)s avec en plus Christian de Digne qui , dans sa grande générosité, accepte de nous redescendre la voiture à la gare pour nous faciliter la récup le soir. L'essentiel est de bien s'organiser pour voler l'esprit tranquille . Un grand Merci à toi , Christian .

11h 15, on attaque la montée à pieds . Premier déco , rien ne va  ; deuxième déco, rien ne va ; troisième déco , tout est ok .  

Une heure de montée , je suis au bout de moi-même Le temps de reprendre mes esprits, sandwich , préparation du matos , réglage radio , parcours prévu , un dernier pipi, et c'est parti .

 Philippe est prêt et décolle en premier, il monte bien et file déjà vers la Bigue , comme il a flairé le coup, il se retrouve à 2450 m et se met en attente.Pour nous c'est pas la même histoire .

Je décolle , Priscillia me suit de suite , on monte un peu mais c'est pas ça , on redescend .Etienne décolle , mauvais moment de solitude .On se retrouve tous les trois au niveau du premier déco , catastrophe , on va droit à l'attero .                                               Allez je réclame un thermique à mère nature , à 85m/sol une bulle , au premier tour Etienne me fonce dessus , et Priscillia arrive dans la foulée , ouff, on remonte , merdiquement, puis organisé et on respire mieux en atteignant 1790 m et 2000 m pour les deux autres .  Je ne reste pas là une minute de plus et fonce vers la Bigue .Je file vers la Blache , prendre le thermique de service à +3,4 et me monte à 2000 m , je continue 2150 m et croise des pilotes venus de St André .

                                                                                      la Bigue avec Priscillia et un autre pilote

 

 

Etienne et sa belle Alpina

 

Pendant ce temps, Philippe est parti à 2450 m , avec un autre pilote vers la Fubie où il va perdre près de 1000 m , et remonte à 2100 m pour filer vers le Mélan où on se rejoint avec Etienne .

 

 le lac de Thoard , direction Cluchette et Mélan

 

 

en approche du Mélan avec tjrs le même pilote et Philippe en dessous

 

14h, Philippe raccroche un thermique à 1600 m , avec Etienne  , on est 100 m au dessus , et de concert à trois on remonte aisément à 2650 m, et on attend un peu que Priscillia puisse remonter , elle a loupé le cycle et se retrouve sous le Mélan , et finit par remonter à 2200 m et attaque la transition vers St Geniez et le Traînon.

                                                                                                       le Traînon à St Geniez

 

Priscillia arrive sur le traînon ,par impatience et nous voyant plus haut ,elle file vers le col du village , grosse erreur qui va lui coûter le vol et finira par poser . Très enragée sur elle même de ne pas avoir trouver qqchose .  Je n'en rajouterai pas, tellement je connais cette frustration pour l'avoir connu , et on apprend bcp de nos erreurs avec le temps . Je compatie pleinement .

Pendant ce temps là, tous les trois , on se prend un bon thermique à +2,2/2,5  avec un planeur , où je fais presque 3000 m. Houlà , mal m'en a pris de monter si haut , c'était extrêmement pourri , avec l'aile dans tous les sens , je fais de mon mieux pour la garder au-dessus de la tête . C'est franchement pas agréable , et j'avertis que je me barre de là vers la Motte du Caire . Philippe décroche à 1730 m et me suit pour ne pas me perdre car il connait pas le chemin pour aller vers le nord.

Etienne , quant à lui, fait aussi le plein et , avec générosité , fait demi-tour vers Digne pour récupérer la voiture et venir chercher Priscillia qui redescendra en stop vers Sisteron .

 

                                                                                           en transition vers la Malaup à la Motte du Caire

 Il est 15h, on arrive sans difficultés à la Malaup où le thermique de service nous attrape et dans un +2,5+3 gentille nous fait grimper à 2665 m que j'arrête volontairement, j'ai compris la leçon , pas la peine de se refaire démonter pour faiblir mentalement , j'ai encore de la route à faire

sur  la Blachère entre Clamensane et la piste à planeur                                                on file vers la Malaup

 Philippe est en dessous , à 1500 m , je le guide pour aller chercher la pompe de service. Une aide efficace pour remonter rapidement à 1850 m , confortable pour transiter et reprendre la prochaine pompe qui va nous monter 2630 m .Impeccable , on va pouvoir  attaquer la transition vers les reliefs qui surplombent Tallard , chemin obligatoire pour éviter l'aérodrôme , d'ailleurs en chemin, on croise deux Pilatus qui rentrent en approche de la piste. Y a du monde dans les airs.

 

 la Bâtie est loin , très loin

 

le lac de Serre-Ponçon aussi , très loin

 

 Une des plus belle vue , sur Espinasse 

 

 prochaine étape la Bâtie

 

On vole l'un devant l'autre , à tour de rôle , et vu qu'il va plus vite que moi avec sa Lynx , il est obligé de faire plusieurs fois demi-tour pour se retrouver derrière , attendant que je lui ouvre la route et en l'air on peut pas freiner sa voile comme une voiture, alors il me redouble et se remet devant  , pas moyen de le tenir en laisse, le fauve .

 

 Après Faucon du Caire,entre le col de Buissonet (1380 m) et le sommet de Montsérieux (1696 m) on prend un nouveau thermique super cool . On l'enroule de concert pour monter de 2000 m à 2900 m. Et oui , encore une fois , on aurait pas dû monter si haut mais la transition est encore très longue alors plein gaz pour assurer le raccrochage sur la Bâtie-neuve.

Evidemment , on se fait salement chahuter comme au dernier plein. Philippe est en dessous de moi , et comme je le sens pas du tout , je lui dis de dégager de là, et de se mettre sur le côté et loin, au cas où ça ferme.

On passe Notre-Dame du Laus , et on redescend à 1700/1800 m, et on reprend un thermique , ça ne se refuse pas pour remonter à 2170 m , et assurer la traversée de la départementale qui va de Gap à Chorges .

belle Lynx

 la plaine de Gap et au fond Charance et le Dévoluy

 

 On va arriver à passer au-dessus des lignes H-T et à raccrocher le caillou vers le sommet de Chatégré( 1710 m) et son petit lac .

 

le lac de Chatégré à 1700 m au sud d'Ancelle

 

Ancelle, le Cuchon à 2002 m et la petite Autane 2519 m

 

 vertical le Cuchon, avec la petite Autane et plus loin la grande Autane 2782 m

 

 Il est 16h 30 , Philippe veut se résoudre à rejoindre la vallée de Gap pour finir le vol et se rapprocher pour le stop . Je lui dis que ce serait dommage , vu l'heure de poser maintenant et que ce serait bien de finir le vol ensemble . On est sur le Cuchon , et ça ne monte pas vraiment , juste au-dessus des autres pilotes qui décollent en dessous .

10 min plus tard , j'en ai marre , je pars avec le peu que j'ai , c'est pas assez mais je tente la transition avec 2380 m en direction des Richards , non pas vers le déco mais vers Soleil Boeuf à 2595 m. Un poil plus tard , le temps d'arriver au bout, Philippe me rejoint après avoir pris un beau thermique et fait la transition avec 2700 m. Il va réussi à rejoindre le sommet de Soleil Boeuf . Bravo !

 

 vue vers Chabottes , les Richards et le sommet de Soleil boeuf

 

A partir de là plus de photos, trop bas , trop impressionné . Je raccroche à 1540 m, pas un brin de vent je colle le caillou encore ensoleillé . J'essaie de tenter le moindre dynamique qu'il peut y avoir par réchauffement , c'est compliqué . Je descends , donc je sens qu'un thermique déclenche devant , je m'éloigne et choppe la bulle . Yes , 1800 m , allez j'avance encore vers l'ouest .

Je rejoins le Palastre à 2279 m, je suis 50 m plus bas . J'aurai pu insister mais je préfère avancer . Philippe est à 2300 m sous le Pic Queyrel et avance aussi .  Moi , au même point je suis à 1750 m et ça descend bien . Je lui annonce que je pars vers la vallée pour poser vers le village de St Bonnet en Champsaur , sans savoir si je vais y arriver . Philippe au dessus de moi , se parle à lui même et se dit à chaque fois "" Il va pas y arriver "" à chaque obstacle la même phrase .

Et moi de me dire "" allez y a ce champs ,  passé , au suivant , ok y a ce champs , passé , bon là gaffe , y a une ligne H-T , avec un champs derrière, ok ça passe .

Philippe "" c'est pas possible, incroyable de partir aussi bas et d'arriver là ""

Moi "" allez encore un effort on y est . La départemental en approche . C'est bon j'y suis , bon y a un champs face à la brise qui longe la route , mais y a une ligne téléphonique, ça pose mais c'est chaud, pas la peine de risquer un pépin. Allez, je passe , il me reste 115 m/sol , plus qu'une rangée d'arbres et un grand champs fauché m'ouvre les bras , je passe et pose nickel . Je crie de joie , Yes , Yes ,Yes

Philippe arrive dans la foulée , et rate mon grand champs rasé , pour poser dans des herbes hautes , et je rigole comme un fou .

Quelle émotion , de nous voir là après 4h 30 de vol intense . On se jette bras dans les bras . On est heureux !

 

vue sur le Banc du Peyron 2777 m qui surplombe Chauffayer

( le village où ado j'étais en colonie, clin d'oeil à Laurent  )

 

 

 

 

 face Est du Dévoluy et le col du Noyer

 

Alors que s'est-il passé durant la fin du vol ?                                                                                                                                              Jamais de la vie je dois arriver là mais j'ai trouvé une ligne confluente au sol qui m'a permis avec mon poids sous l'aile d'être en finesse mini et de jouer avec , ça bipper tout le long de ma transition sans pour autant monter mais le relief descendant j'avais l'altitude à chaque fois suffisante pour avancer et arriver là où j'ai posé .

 

Philippe n'en revient pas .

Je m'exclame haut et fort "" Merci Dame nature "" merci de nous offrir ça .

Il est 17H30 ,on a eu du mal à plier nos voiles vite fait , tellement c'était intense . On a contemplé le paysage de longues minutes , et enfin nous voilà prêts pour le stop .

On est sur une route secondaire et fallait marcher un peu pour rejoindre la départementale principale.

18 h , une voiture arrive , on tente le coups , bingo , elle s'arrête . La dame nous laisse à la Fare en Champsaur . On descend , 5min après un couple nous prend et nous descend à Gap , presque à la sortie sud . Merci à eux .

Le temps de rouler , il est 18 h 30 , on descend et 10 min après ,un jeune nous dépose au péage de la Saulce alors qu'il allait à Tallard village .Merci aussi .

Avec Philippe , on se regarde, on en revient pas . On descend au péage, et de nouveau 10 min après une dame très sympathique rentre sur St Auban et nous laisse à ma voiture au péage de Peyruis . Un petit détour qui nous facilite la fin de l'aventure.Merci également .

Et là bein y a plus qu'à . On finit ensemble au point de départ, et je ramène Philippe à sa voiture qui est garée à la gare de Digne . MERCI Christian encore une fois . Il est 20 h .

Quel bonheur ! un vol magique avec des images pleins les yeux . Un partage en vol fantastique , avec Etienne et Priscillia au début et un bon 3/4 du vol avec toi Philippe , merci .

Et un retour exceptionnel en 4 voitures avec des personnes très sympathiques . Merci à vous , mesdames messieurs de votre gentillesse et votre compagnie.

Pour Philippe , il ne connaissait pas le trajet.                                                                                                                                               Il était en mode , je reconnais le terrain, j'apprends , je retiens  les placements, les thermiques principaux pour faire une prochaine fois un long vol de la Sainte -Victoire principalement .

Pour ma part , je retiens que pour aller loin faut , du mieux que possible , restés groupés, bien se positionner, et être patients .

Ce vol n'est pas exceptionnel en soi;  ça fait plusieurs fois que je tente de remonter sur la Bâtie-Neuve et que je passe pas , aujourd'hui je suis passé . L'autre point sur lequel je travaille depuis 10 ans c'est mon approche au relief mentalement , un point qui me déconnecte .

Ca commence à aller mieux , je prends ce que le moment venu et la nature m'offrent . Aujourd'hui j'ai frôlé le caillou en fin de vol ce qui me redonne un peu de joie, et de confiance . Je réalise quand même que le caillou à 17 h , c'est pas le caillou à 12h ou 14h mais l'approche est là et se fait doucement , je m'adapterai en temps voulu selon l'heure et la journée .

Ce soir, je suis ravi .Et j'en profite . Je continue mon ptit bout de chemin, tranquille, tranquille .

Merci à vous qui avaient pris le temps de lire ce récit .

 

       Vol de Philippe                                                                                                   Vol du Rat

 

Replay du vol

 

 

                                                                                                       

 

 

 

 

 

 

 

 

                                 

                                                 Vol de Priscillia